Dans un courrier de l'Yonne Républicaine paru le 25 septembre, intitulé « La loi, rien que l’esprit de la loi », Jean-François Blin revient de nouveau sur la question de la laïcité, ce lancinant credo républicain à la mode, sans oublier au passage le traditionnel crachat de rigueur sur l’Eglise catholique.
Si les habituels lieux communs laborieusement revisités par l’auteur n’amènent pas de réflexion particulière tant le brouet semble aigre à force d’être réchauffé, une indécente assertion m’interpelle tout de même… Le citoyen Blin déclare ignominieusement et péremptoirement comme nécessaire « qu’en France il fallut décoller des têtes pour que d’autres pensent librement ».
Fallait-il donc guillotiner des milliers d’innocents pour que leurs bourreaux puissent penser librement ? Devait-on massacrer autant d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, en raison de leur religion, leur appartenance sociale ou leur identité régionale, pour que leurs descendants puissent soi-disant penser librement…
Et combien d’Oradour-sur-Glane commis dans cette Vendée saignée, violée, martyrisée par la fureur révolutionnaire ? Etait-ce donc nécessaire « pour que d’autres pensent librement » ?
Simple anecdote parmi tant d’autres sur la liberté de pensée dont se prévaut notre néo Sans-culotte (et quelques autres parmi les habitués de ce forum des lecteurs) : le petit village de Bédouin, au pied du Mont Ventoux, voit son « arbre de la Liberté » arraché dans la nuit du 4 mai 1794. Le délégué de la Convention, l’avocat Maignet, décrète, le 17 mai, le village « pays ennemi ». Le 28 mai, 67 habitants furent guillotinés, 450 maisons brûlées, le village de deux mille âmes détruit… « Liberté, liberté chérie, que de crimes en ton nom… »
A vrai dire et plus près de nous, mais dans l’au-delà, que pensent les millions de victimes du XXème Siècle, de leur liberté de pensée postrévolutionnaire ? Siècle de laïcisme triomphant mais qui enverra des millions d’hommes à la mort dans des guerres absurdes, par des programmes de destruction massifs et organisés, au nom d’idéologies nées en particulier d’un athéisme militant et d’un matérialisme exacerbé.
Finalement, dans ce courrier, cette mention apparemment anodine, cet aveu, cette doctrine apparemment revendiquée qui nécessiterait de « décoller des têtes pour que toutes pensent librement », prouve qu’à tout moment des graines de Pol Pot, de Staline, de Robespierre et d’autres, peuvent toujours germer lorsque les conditions s’offrent à elles.
Et puisque nous ne savons malheureusement plus regarder notre Histoire sans battre notre coulpe, la République s’honorerait de faire repentance pour tous les crimes commis en son nom durant cette période révolutionnaire.
Sens le dimanche 5 octobre 2008
Jean-Luc BOULARD
Publié dans l'YONNE REPUBLICAINE du 08 octobre 2008
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