Réponse à la tribune de M. Soret, Premier secrétaire fédéral du PS de l'Yonne, parue dans l'Indépendant de l'Yonne
Monsieur Soret, réagissant à la "Manif pour tous", commence son libelle par une affirmation que je tiens vivement à partager, mais pas pour les mêmes raisons : « Ce dimanche 13 janvier 2013 restera dans les mémoires ». Cette levée en masse sonne, en effet, le réveil d’une France profonde, d’une France réelle qui en a assez de subir le diktat permanent de minorités agissantes, de politiques qui imposent de manière insidieuse une décomposition progressive de nos valeurs, de notre identité, de notre Histoire.
De même que le mensonge d’Etat sur les chiffres de participation à cette manifestation semble de plus en plus grossier, le Premier secrétaire du PS Icaunais y va de son petit trucage fédéral en annonçant seulement « plusieurs dizaines de milliers de personnes ». Pas très sérieux…
Dans son communiqué, M. Soret assène d’abord le gourdin avec des mots destinés à avilir « hargne, sourds, aveugles, nostalgiques des temps révolus, intolérance, .. », puis tente de faire vibrer la corde démago-sensible « Ceux qui feignent de ne vouloir comprendre qu'un enfant [..] a d'abord besoin qu'on l'aime. Ceux qui [..] s'interdisent d'imaginer que deux femmes ou deux hommes puissent aussi être mus par l'amour, et capables d'en donner. »
Ces anathèmes et mignardises ne démontrent évidemment rien. Bien sûr que deux hommes ou deux femmes peuvent s’aimer, aimer des enfants et qu’un enfant a besoin avant tout d’amour ! Que de portes ouvertes enfoncées… Le problème n’est pas là. Il réside dans le droit bafoué des enfants d’avoir un père et une mère, une généalogie, des repères mêmes difficiles, d’éviter les crises d’identité que les enfants issus de ces unions auront à subir et la société avec.
Pour traiter de la question de fond du "mariage pour tous" et à ses dérives intrinsèques, une synthèse des convictions de quelques hiérarques du système PS pourra éclairer, en famille si je puis dire, M. Soret.
« Pour que deux personnes d'un même sexe puissent se marier il faudrait changer le code civil, et en faire disparaître tout ce qui traduit l'altérité entre un homme et une femme, et essentiellement les mots Père et Mère. Ne nous y trompons pas, derrière ce changement de mot, il y a, bien sûr, la volonté de faire plaisir à une communauté, la communauté homosexuelle (LGBT). Mais il y a surtout un présupposé fondateur qui est celui de la philosophie du Genre ».(Georgina Dufoix - Ancienne Ministre PS)
« Pourquoi, alors, refuser le mariage pour tous ? Parce que du mariage découlent, automatiquement, les questions de filiation et de parentalité, et que c’est sur cet aspect que j’ai un désaccord de fond. En effet, pour moi, il n’y a pas de droit à l’enfant, mais des droits de l’enfant. »(Jean-François Debat - Maire PS de Bourg en Bresse)
« Au nom de l'égalité des droits entre adultes, faut-il créer par la loi des inégalités entre enfants ? Certes ces inégalités existent déjà entre enfants de conditions différentes, mais elles sont le résultat de parcours de vie, de situations de fait. [...] Mais cela suffit-il à admettre que, par l'a priori de la loi, des enfants auront à grandir avec des parents de même sexe, et d'autres avec des parents de sexes différents ? » (Bernadette Laclais - Député PS de Savoie)
« Pourquoi l’adoption par un couple homosexuel serait-elle une mauvaise solution ? Parce que le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer, ni abolir la différence entre les sexes. […] Je veux être parfaitement claire : je reconnais totalement le droit de toute personne à avoir la vie sexuelle de son choix. Mais je dis avec la plus grande fermeté que ce droit ne doit pas être confondu avec un hypothétique droit à l’enfant. »(Elisabeth Guigou - Ancienne Ministre PS)
« Que celles et ceux qui choisissent de vivre une sexualité différente soient considérés et protégés en tant que personne humaine, mais que leur mode de vie n'impose pas des changements pour toute l'organisation sociétale. »(Jérôme Lambert - Député PS de Charente et neveu de François Mitterrand).
Et ce, sans parler des inévitables évolutions qu’ouvre ce mariage, puisqu’il suffirait d’aimer pour ouvrir un droit… Le champ d’application est vaste.
Voulant lester son argumentation du poids de l’Histoire, M. Soret invoque sentencieusement « la France des Lumières, celle qui très tôt, sut allumer une lanterne pour faire sortir les peuples de l'obscurantisme». Cette affirmation, digne des pamphlets mâchés et remâchés par diverses officines, mériterait à elle seule une mise au point. Reléguer notre riche héritage intellectuel, culturel, patrimonial d’avant les Lumières sous le doux vocable d’« obscurantisme » témoigne à l’évidence d’une volonté de refondation, de réécriture de l’Histoire. Nombre de pays victimes du socialisme triomphant au XXème Siècle, en ont connu la plénitude !
Enfin rappeler, comme le fait M. Soret, le principe de « cette France du droit de tous les Hommes, respectueuse et garante du respect des différences » ne peut faire que l’unanimité. Garante des différences, bien sûr, mais pas libre d’imposer à tous les citoyens, par la loi commune, des particularismes, des revendications de la minorité d’une minorité.
A moins qu’il ne s’agisse que de la simple étape d’une refondation beaucoup plus globale de la famille, cellule de base de la société, et donc de la société, qu’il conviendrait de reformater suivant une autre configuration que celle judéo-chrétienne.
M. Soret se retrouvera dans les propos du Dr. Pierre SIMON sur France-Culture, le 8 octobre 2007, auteur en 1979 d’un livre « De la vie avant toute chose » (qui proposait entre autres choses de « poser le principe que la vie est un matériau, au sens écologique du terme, et qu’il nous appartient de gérer »), lorsqu’il disait « Depuis 40 ans, le combat que nous menons a toujours été le même : contraception, libération des comportements sexuels, avortement, homosexualité et euthanasie. Nous avions l'appui d'une grande fraternelle parlementaire souhaitant arracher l'homme à l'obscurantisme multiséculaire et le faire descendre du ciel à la terre. » Comprenne qui pourra… Et qu’il ne s’agit pas d’évolutions des mœurs spontanées ou naturelles.
En attendant, osez donc une république référendaire !
Jean-Luc BOULARD
Manifestant du « dimanche 13 janvier 2013 qui restera dans les mémoires »
« L’enfant a dès sa naissance le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux » (article 7 de la Convention internationale des droits de l’enfant, ONU, 1989)