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22 mars 2006 3 22 /03 /mars /2006 23:17
L'affaire d'Outreau va, un court instant, agiter le microcosme médiatico-judiciaire, avant que les institutions ne battent leur coulpe et fasse repentance… sans changer un iota de leur pratiques malsaines. Jusqu'à la prochaine affaire.
Néanmoins, des interrogations de simple bon sens tarauderont toujours la conscience de ceux qui accordent une quelconque importance à la signification des mots.
Pourquoi une telle incohérence entre le vocabulaire de la justice et sa réalité tangible ? Pourquoi tant d’écart entre la décision de justice et son application réelle ?
C'est ainsi que le mot « perpétuité », littéralement « pour toujours », n'existe plus dans les faits. En moyenne , un condamné à perpétuité ne demeure que 17 ans emprisonné… Lorsque l'on songe que ce châtiment constituait le substitut de la peine de mort lors de son abrogation en 1981, le mot escroquerie intellectuelle n'est pas trop fort. Cette réalité occultée devient tout simplement un scandale pour ceux dont les enfants ou les proches ont été assassinés après récidive…
Autre anomalie spécifiquement française, la "confusion des peines". Dans notre code pénal, la peine la plus lourde absorbe toutes les autres, les condamnations successives se confondent... Un défi à l'arithmétique la plus élémentaire ! Tentez le même calcul avec vos impôts auprès de votre percepteur, il aura tôt fait de vous rappeler à l'ordre... Le cas Bodein, de sinistre mémoire, est exemplaire pour comprendre cette anomalie nationale. Condamné théoriquement dans trois affaires à 62 années de prison, cette peine est ramené à 28 années au titre de la confusion de peines, puis vingt ans en vertu d’un obscur article de procédure pénale. Finalement, il n’a effectué qu’une peine effective de treize années et quatre mois, bénéficiant naturellement et automatiquement de remises de peines. Relâché en mars 2004, "Pierrot le fou" violera, torturera et assassinera dans des conditions horribles deux enfants et une femme en juin 2004 avant de retourner en prison. Les faits se passent de commentaires, l’affaire sera jugée prochainement.
Avec ce jeu pervers des réductions de peines, les condamnés ayant entre vingt et trente ans de prison à exécuter sortent avant d’en avoir fait sept… Cerise sur le gâteau, près d’un tiers des "petites peines" ne seront jamais exécutées pour toutes sortes de raisons plus ou moins abracadabrantesques…
Si l'on ajoute la fameuse grâce présidentielle, stupide anomalie démocratique, l'on atteint le fond de l'absurde… D’une mesure ponctuelle considérée comme un dernier recours pour un criminel et concevable, l’on est arrivé à bricoler un moyen de régulation de la population carcérale avec tout l’arbitraire que cela suppose. Il aura fallu attendre 2004 pour que M. Chirac en écarte les condamnés pour crimes sexuels (tout en excluant de cette grâce les prétendus « commandos anti-avortement » qui menaçaient probablement la République par leur défense opiniâtre de la Vie…)
Il semble, désormais, que le procès ne représente plus qu'une phase cathartique, un cérémonial de purification et d'expiation permettant ensuite, après expédition des victimes et leurs proches dans l’oubli de la mémoire collective, de décharger, excuser, réinsérer le condamné, objet de tous les soins républicains. En toute mansuétude.
N'y a t-il donc pas là, une source d'incompréhension majeure entre justice et justiciable, une iniquité insupportable envers les victimes avérées et celles potentielles que nous sommes tous ?… Pour tout dire, un facteur aggravant de la criminalité à une société accordant plus de commisération aux criminels qu'aux victimes.
Autiste : qui présente un « repli pathologique sur soi accompagné de la perte du contact avec le monde extérieur »
J’aimerais que la Justice ne le devienne pas…
 
Jean-Luc BOULARD

 

 

 

 

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