Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 mars 2006 4 23 /03 /mars /2006 14:36

Lors de la présentation des vœux du Conseil constitutionnel au Président de la République, le 2 janvier, Jacques Chirac a déclaré vouloir inscrire l’abolition de la peine de mort dans la constitution… Quels drôles de vœux… N’ayant jamais osé consulter directement les Français sur la question, probablement par peur du débat ou plus simplement de la réponse, il envoie donc la représentation nationale verrouiller le sujet…
Cette actualité m'incite à revenir sur un sujet que certains semblent ne plus vouloir aborder. Et pourtant… Vingt-cinq ans après le vote pour l'abolition de la peine de mort en France, en violant allègrement et sans état d’âme l’opinion populaire de l’époque, cette loi révèle désormais ses poisons. Justifiée alors par « le caractère inaliénable du droit à la vie pour chaque individu », cette législation exhalait déjà les relents d'une déresponsabilisation de l'individu qui, de criminel, deviendrait victime de sa condition sociale, de la société corruptrice ou psychiquement malade. En un mot, innocent malgré lui…
Depuis, l'édifice judiciaire censé protéger la société se fissure et s'effondre progressivement. La perpétuité n'existe plus, les peines s’édulcorent avec une Justice maniant subtilement confusion des peines, réductions et amnisties diverses sans parler des libérations conditionnelles pour raison de santé.
Les familles des victimes, lorsqu’elles sont confrontées au drame, découvrent alors brutalement la vacuité totale de notre système pénal.
En coulisse, la classe politique engluée dans la gestion économique d'un pays en faillite et en crise morale grave, pratique la "politique du chien crevé au fil de l'eau", s'abandonnant à des groupes de pression souvent minoritaires mais efficaces qui manipulent la société et lui dictent ses orientations.
Notre société répudie ainsi progressivement ses racines et ses repères moraux, en particulier familiaux et religieux. Elle tolère puis accepte, quand elle ne les suscite pas, nombre de déviances et perversions comme autant de particularismes respectables. De cette cohorte qui s'emploie à redéfinir ou imposer de nouvelles normes "sociétales", émergent de monstrueux mutants d'un égocentrisme démesuré, avides de jouissances (si possible frappées d'interdit), gavés de pornographie et de violence et qui constituent le vivier de ces vagues de criminels. Le récit de leurs crimes, censuré bien souvent par décence, dépasse au sens propre l'imagination humaine.
Entre deux hoquets d'horreur vite réprimés, il semble malheureusement s'installer dans l'opinion publique, une résignation, une banalisation, un sentiment d'impuissance…
Ces familles détruites, ces enfants atrocement torturés, violés, mutilés puis assassinés, traités comme des objets sexuels consommables et jetables, réclament une vraie justice à la hauteur de ces crimes abjects et effrayants. Justice pour laquelle le rétablissement (et l'application) de la peine de mort constituerait, de nouveau, la clé de voûte du système pénal et un message fort. Le débat mériterait d'être remis sur la place publique, démocratiquement cette fois…
L’intuition du Père R.-L. Bruckberger, il y a maintenant vingt ans, semble bien s’avérer exacte : « L’abolition de la peine de mort est une régression décisive de civilisation, une invitation irrésistible à retourner à l’anarchie instinctive de l’animalité »
D’ailleurs et pour en revenir à cette peine capitale, le droit de donner légalement la mort n’existe-t-il pas dans notre beau et bon pays des Droits de l’Homme ?
Qu’apprennent nos soldats à l’entraînement et quelle peine inflige-t-on aux populations visées par notre éventuelle riposte nucléaire, si ce n’est la mort d’autrui ? Souvent des "victimes civiles" innocentes.
Dans le principe de la riposte graduée telle que la conçoit notre actuelle politique de dissuasion nucléaire, quelle autre logique que celle du talion prévaut et qui oserait dénoncer les droits d’une nation à se défendre, protéger ses intérêts, ses citoyens ? Et pourquoi en refuser les principes à notre société, en son sein même, sinon par une extraordinaire hypocrisie ?
Dans un tout autre domaine, quel autre sort réserve-t-on aux « enfants à naître », non désirés, sinon de finir dans les poubelles ou les bocaux d’un centre d’IVG, condamnés à mort par des lois indignes de l’Homme ? Une récente émission télévisuelle, dans un émouvant documentaire, exaltait ces merveilleux premiers instants de la Vie sans indiquer qu’en France, un tiers des êtres conçus ne verront jamais la fin du film.
Ou encore, demain, l’euthanasie légalisée, source de toutes les déviances ou récupérations politiques, sociales et économiques, génèrera d’inévitables dérives au fil des ans. Même qualifiée de « mort-douce », qui vérifiera au moment de l’injection létale, le consentement du pauvre hère insolvable, sans famille, perdu dans un établissement surchargé, abandonné par une société sénile et éventuellement ruinée … Peut-on jurer que la peine de mort ne sera jamais appliquée pour ces malheureux innocents ?
Guerre conventionnelle ou nucléaire, avortement, euthanasie : doux euphémismes pour désigner la peine de mort infligée ou susceptible de l’être, à des innocents, dans le pays qui refuse la peine de mort pour les assassins…
« La barbarie n’est pas de punir les coupables, c’est de priver de protection les innocents… »

Jean-Luc Boulard,

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Et si la perpétuité était appliquée jusqu\\\'au bout, sans tiédeur, sans remords, ne pensez-vous pas que l\\\'impact serait plus important sur le coupable?<br /> ...de simples objections pour entretenir ce perpétuel débat et rebondir sur votre article qui met le doigt, en sa fin et à juste titre, sur cet aberrant paradoxe de l\\\'avortement et l\\\'euthanasie.
Répondre
T
(oups, je me suis trompé dans le lien de mon site...)
Répondre
T
Je n'aurais sans doute pas tout à fait le même discours concernant la peine de mort,<br /> par contre vos propos, ici et dans d'autres articles, sur l'avortement et l'euthanasie, me plaisent autant par leur style que par leur fond...je partage tout à fait votre analyse sur ces points - que ce soit l'hypocrisie d'une société qui dit refuser la peine de mort aux coupables par respect de leur dignité humaine, mais la demande pour ceux dont elle ne veut pas que la vue lui rappelle sa nature soumise à la mort et la souffrance,<br /> ou les conséquences logiques et prévisibles d'une légalisation de l'euthanasie, que ses partisans nient farouchement alors que l'exemple précédent de l'avortement (qui est bien une évolution concrètement observée, et non une hypothèse) montre bien ce qu'il en est.
Répondre